fleche_bleue.gif (1069 octets)Rithy Sèn et Neang Kâng Rey

Il était une fois un pauvre couple vivait misérablement dans un petit village loin des autres avec ses douze filles.

Un jour, ce couple désespéré, le bûcheron et sa femme, ayant tant de mal de trouver quelque chose pour nourrir ses douze filles, décidèrent de les amener dans une forêt lointaine pour les abandonner, en priant les génies et les Thévedas (dieu et déesses) de les surveiller et de les sauver en vie.

Ainsi un matin dès l'aube, ce bûcheron amena ses filles dans une forêt et les abandonna. Mais la plus jeune, Neang Poeuv, qui fut plus attentive que ses soeurs, arriva à retrouver le chemin pour revenir à la cabane. Une fois, deux fois et la troisième, cette fois-ci le bûcheron les amena et entra encore plus loin dans une immense forêt pour les perdre à nouveau en contournant plusieurs fois le chemin jusqu'à Neang Poeuv n'arriva pas à mémoriser le trajet. Cette fois-ci, son coup fut réussit.

Abandonnées dans cette forêt immense, mourant de soif et de faim, ces douze petites filles cherchèrent de quoi pour se nourrir. Elles furent contentes de trouver un lac qu'elles puissent boire et pêcher les poissons. Elles attrapèrent beaucoup de poissons et pour les conserver, elles les accrochèrent au bout d’un bâton en crevant les yeux du poisson vivant. Sauf Neang Poeuv, elle n'arracha qu’un seul œil à son poisson.

Un jour, il y eut une reine de Yeacks (personnage monstrueux et féroce), nommée Sânthomea, passa dans cette forêt pour chercher sa proie. Elle trouva ces douze soeurs et pensa que ce troupeau humain pourrait bien constituer pour elle de bons repas de viande fraîche après avoir les laissées quelques temps de bons soins pour les engraisser.  

Ainsi Sânthomea se transforma en une reine sage et gentille pour ne pas faire effrayer ces jeunes filles et elle les amena à son palais où elle leur donna l’asile.

Après quelques mois de séjour chez la reine Sânthomea, les soeurs s’épanouirent et devinrent d’admirables jeunes filles adolescentes bien faites. Pensant que l'heure du festin fut enfin arrivée, la reine Sânthomea ordonna qu’on égorgeait l’aînée en premier.

Mais à cet instant, il y eut un génie qui se transforma en un rat blanc venant sauver ces jeunes filles. Il creusa un trou dans les murs du palais, prévint les douze jeunes filles et les aida à s'enfuir au moment où la géante Sânthomea passa la grande porte.

En apprenant que son repas s’échapper, en proie à la colère la plus noire, Sânthomea lança ses serviteurs à la poursuite des sœurs, mais en vain. Elle apprit plus tard que, harassées, ces jeunes filles eussent monté sur les branches d’un grand arbre et s’y furent endormies, et sauvées par les valets du roi d’Angkor.  Elles furent entrées dans le harem du roi et devinrent ses favorites.

Alors Sânthomea décida de se venger. Elle se transforma en une jeune éblouissante princesse, et se fit conduire elle aussi auprès du roi pour devenir son épouse car pour Sânthomea "la vengeance est un plat qui doit se manger froid".

Dans le palais royal, elle supplanta aisément les douze sœurs naïves et obtint du monarque inconstant le châtiment des jeunes filles. Ces douze furent emprisonnées dans une grotte souterraine et leurs yeux furent arrachés par les gardes de Sânthomea sauf Neang Poeuv, qui soit par son karma de n'avoir arraché qu'un oeil du poisson, soit par mégarde des bourreaux, eut la chance de conserver un œil.

Elles furent toutes entrées dans leur tombeau enceintes du Roi et y vécurent dans les conditions plus terribles et effroyables. Sânthomea veilla à les faire souffrir de faim et de soif afin de satisfaire sa colère, sa haine, sa vengeance.

Plusieurs mois plus tard, le moment des couches arriva, les soeurs furent tellement malheureuses et mourant de faim à tel point de tuer ses nouveaux-nés l'un après l'autre après chaque naissance et les faire partager pour en manger.

Seule Neang Poeuv, son karma ne fut très lourd comme ses soeurs, parvint à sauver le sien. Elle garda tous ses parts des nouveaux-nés de ses soeurs, puisque ces dernières furent aveugles. Quand son tour de couche arriva, elle déclara à ses sœurs et affamées que son bébé fut né mort-né et leur donna les restes en putréfaction qu’elle eut réussit à conserver.

Plusieurs années plus tard, Sânthomea oublia ces jeunes filles en se croyant sans doute débarrasser d'elles et des enfants. Neang Poeuv essaya élever son fils et révéla alors à ses sœurs la vérité sur lui.

Toutes, folles de joie en cet espoir, se privèrent volontiers pour nourrir l’enfant et l’éduquer. Il fut nommé Rithy Sèn.

Rithy Sèn devint un admirable adolescent. Il fut capable de sortir à volonté du lieu sordide et ainsi d’entretenir ses malheureuses tantes et sa mère en cherchant à parier avec les autres enfants dans le village des combats de coq. A chaque fois qu'il joua, il ganga son pari. D'où l’abondance s’installa petit à petit dans la sordide prison qui fut pour lui sa demeure.

Un jour, un combat de coq attira l’attention de Sânthomea. En apercevant Rithy Sèn, elle eut un doute et le fit suivre.

Sachant que Rithy Sèn fut un fils de Neang Poeuv, Sânthomea le fit quérir ensuite et lui donna une mission que Rithy Sèn s'obligeait à obéir. Ce fut de porter un message secret à sa fille dans son pays très loin.

Couvert d’habits du prince, il dû remettre une missive dans une lointaine contrée. En chemin, après un long parcours, Rithy Sèn harassé, s’endormit sous un arbre.

Un ermite passa et profitant du sommeil du jeune homme, retira d’une tige de bambou la fameuse lettre. Le contenu de ce message fut adressé directement à la fille de la reine Sânthomea : « Si tôt le porteur de cette lettre arrive, tu dois lui faire exécuter. S'il arrive le jour, tu dois le faire le jour. S'il arrive la nuit, tu dois le faire la nuit ».

Voyant ainsi, l'ermite remplaça le message suivant :   " Ma chère fille, si tôt ce prince arrive, tu dois l'épouser. S'il arrive le jour, tu l'épouses le jour. S'il arrive la nuit, tu l'épouses la nuit ".

Aussitôt se réveilla du sommeil, Rithy Sèn se précipita à continuer la route par la peur que Sânthomea fasse mal à sa mère et ses tantes, s'il rata sa mission.

La fille de la reine de Sânthomea, nommé Neang Kâng-Rey, fut une adorable et candide jeune fille. Elle fut très émue par la lettre de sa mère apportée par Rithy Sèn. Elle se jeta aux pieds de ce dernier dès qu’elle eut compris le message.

Le palais entier vénéra le nouveau maître. De somptueuses cérémonies de mariage eurent lieu et le couple s’en alla visiter les merveilleux jardins et édifices du domaine. Mais soudain, en passant devant une petite porte, Rithy Sèn s’étonna du trouble de sa compagne. Il lui demanda " pourquoi, es-tu si peur devant cette porte ? " et Neang Kâng Rey murmura en disant que c'était sa mère qui lui eut interdit d'ouvrir à qui que ce soit cette porte sous peine de malheur et de ruine.

Rithy Sèn rassura sa jeune femme : « Ne m’ouvre pas cette porte, puisque ta mère te l’a interdite mais dis-moi au moins ce qu’il y a de si mystérieux à l'intérieur de cette pièce. Je suis ton mari et son genre, si j’avais été ici, au moment où elle t’a quittée, elle m’eût certainement confié aussi la garde de celle-ci. »

Kâng Rey se rapprocha de son mari et lui murmura : « Mon cher époux, il y a une table dans cette pièce. Sur cette table, reposent un vase en argent doré, à côté un petit flacon et entre les deux, le bâton magique de ma mère. Dans le vase, il y a les yeux de douze femmes. Dans le flacon, il y a le remède pour faire revivre les yeux et les remettre en place. »

A ces mots, les yeux de Rithy Sèn se noyèrent de larmes. Il ne puisse cacher son émotion en pensant tout de suite à sa mère bornée et ses tantes aveugles : « Qu’ai-je donc dit, ô mon maître, que tes yeux s’inondent de larmes ? Aurais-je donc du me taire ? ».

Mais Rithy Sèn garda ses sentiments et son calme puis entraîna son adorable épouse.

Dans la nuit profonde, tout le monde s'endormit ainsi que sa jeune épouse. Rithy Sèn s’empara de la clé, des yeux, du remède et du bâton pour aller sauver sa mère et ses tantes. Pour dire adieu à son épouse, il déposa un baiser sur son front si innocente en lui disant " Au revoir, mon amour. Pardonne-moi ". Aussitôt Rithy Sèn reprit la route sans tarder. 

Dans sa fuite, il rencontra encore une fois l’ermite qui lui disait que "le bâton de Sânthomea fut un objet sacré permettant de parcourir l’espace et si, vraiment, on veut arrêter les poursuivants, il faut lancer ce rameau derrière soi".

A son réveil Neang Kâng Rey ne voyait pas son épouse. Elle comprit la fuite de son bien-aimé. Elle courut à sa poursuite et le voyant au loin. Elle cria, en pleure, lui supplia de l’emmener avec lui. Elle s'approcha de son mari et presque à lui attrapa.

Tandis que Rithy Sèn, le visage baigné de larmes et son coeur brisé. Il supplia sa femme de lui laisser pour qu'il sauve sa mère et ses tantes mais cette dernière, amoureuse de lui ne prêta aucune attention à sa demande.

Alors Rithy Sèn, ayant peur de ne pas arriver à temps pour sauver sa mère et ses tantes, jeta le rameau sacré de Sânthomea derrière lui. A cet instant, il y eut un sourd grondement et une grande explosion... le sol s’affaissa juste devant les pieds de la jeune femme et une multitude de filets d’eau inondèrent la grande étendue en créant ainsi un lac qui empêcha Neang Kâng Rey et ses troupes de le poursuivre.

Neang Kâng-Rey, arrêtée sur le rivage du lac. Elle ne cessa de pleurer et d'appeler Rithy Sèn jusqu'à son dernier souffle. Lorsque l'ombre de son mari disparut à l’horizon, elle renvoya ses serviteurs au pays et elle se coucha pour mourir au bord de ce lac (ce qu'on peut voir actuellement au Cambodge, dans la province de Kampong Chhnaing, la montagne de Neang Kâng-Rey. La légende des douze jeunes filles d’Angkor explique le nom des villages de Kampong Hao ( rivage des Appels) et Kompong Léng "rivage de l’Abandon" de même qu’elle attribue le retrait et la disparition des eaux de cette région à un soulèvement du sol entre les monts Dâng-Rèk et les monts KrâVanh. Ce qui est en accord avec les théories scientifiques).

Rithy Sèn continua sa course, retourna au palais du roi, son père, dénonça la reine Sânthomea qu'elle fut un monstre et la démasqua grâce au bâton magique. Sa mère et ses tantes retrouvèrent la vue et retournèrent habiter au palais. Malgré l’insistance du roi, Rithy sèn refusa de lui succéder au trône. Il quitta tout. Il se fit religieux...